jeudi 26 juin 2014

Je marche dans la rue



Je marche dans la rue,
Le regard bas, la tête nue,
Je marche dans la rue,
Un peu courbé un peu bossu,

Je marche dans la rue,
Le béton est froid j’ai les pieds nus,
Je marche dans la rue,
La pluie coule sur mes bras nus.

Je marche dans la rue,
Pas très droit mais je n’ai pas bu,
Je marche dans la rue,
Comment j’m’appelle je ne sais plus.

Je marche dans la rue,
Une pancarte un peu tordue,
Je marche dans la rue,
Dessus j’y vois un homme perdu.

Je marche dans la rue,
Cet homme autrefois je l’ai connu,
Je marche dans la rue,
Comment il s’appelle je ne sais plus.

Je marche dans la rue,
Un banc accueille l’homme fourbu,
Je suis dans rue,
Et qui je suis, je ne sais plus…

jeudi 12 juin 2014

Tombé bien bas (SLAM.7)

Pourtant j’ai pas poussé mémé dans les orties, 
Pourtant j’suis un mec plutôt poli,
J’laisse passer toutes les dames, 
Et j’donne un euro à ceux qui rament.

Pourtant j’suis un mec plutôt gentil,
J’aime pas les querelles ni les broutilles,
J’nourris les oiseaux quand y fait froid,
J’leur donne de l’eau l’été quand y’en a pas.

Mais voilà j’crois j’suis tombé bien bas,
Pas du côté d’la misère mais d’sa sœur la galère,
J’ai pas trop à manger mais j’me plains pas,
Y’a les restos pour remédier à ça.

Parfois quand j’ai pas trop le moral, 
J’dirais même quand tout va mal,
J’remonte en arrière côté bonheur,
Au temps béni des flics, et des voleurs. 

Et puis quand j’rouvre les yeux,
Quand sur mon portable j’vois un message du vieux,
Qui m’dit « Quand donc vas-tu bouger de là ? »
« Y’a plein d’boulots qui n’attendent que toi ». 

Alors moi j’passe mille annonces,
J’me fait passer pour un autre, là j’me dénonce,
Un type beaucoup mieux que moi,
Qu’y a des diplômes et puis tout ça. 

Mais faut croire que l’pipeau ça marche pas,
Quand j’me présente je n’suis que moi,
Avec ma tête de scélérat,
Avec cette gueule de cancrelat.

Alors avec ma mallette pleine de vide,
Avec ma tronche un peu livide,
Et puis mon cœur plus trop valide,
J’arpente les rues noires de la nuit,
J’m’assois sur un banc sans un bruit,
Puis j’croise le regard de celle qui luit,
En m’disant qu’demain…je s’rai parti...


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mercredi 11 juin 2014

Misère (SLAM.6)


Par un soir de galère j’ai invité la misère,
La garce était docile, pas du genre fragile,
Elle s’est installée dans mon appart non meublé,
Elle y a pris ses aises, faut dire qu’madame était à l’aise,
Elle était courtement vêtue, enfin j’crois bien qu’elle était nue,
Elle a aimé mes oripeaux et la peau qui recouvrait mes os,
Elle s’est allongée près de moi, sur mon miteux matelas,
Et d’une voix confiante, pas méfiant pour un sou,
M’a susurré tout bas, au moment où j’avais froid,
« Viens avec moi mon frère, je te montrerai mon cimetière,
« Je te rendrai grabataire, la mort sera douce-amère. »
Mais moi j’lui ai dit de se taire, de s’la fermer à cette vipère,
Mais la misère est carnassière, la misère c’est Lucifer,
Alors j’suis tombé malade car j’avais écouté ses salades,
J’ai craché ma vie à cause de trop d’soucis,
A cause de trop d’mépris et d’un manque de compagnie,
J’ai cédé à dame en noire un soir de désespoir,
Alors elle m’a fait une place, pas loin de son palace,
Mais elle a été sympa, elle m’a offert un golf, 
Pas un golf à dix-huit trous, non, celui où il n’y a qu’un trou,
Le mien où j’suis tombé à genoux,
Dans le froid et la boue,
Là où meurent les types qu’ont pas un sou,
Ou pas un bisou pour les sortir d’ce trou.
Alors j’ai fermé les yeux et la misère est partie,
J’ai rejoint les cieux, sans peine et sans souci,
Et puis là-haut à ce qu'on dit,
Y'a que des Anges et plus d'mépris.

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dimanche 8 juin 2014

Prends ma main (SLAM.5)




Pourquoi ?
Pourquoi les hommes t’ont-ils laissé là ?
Sur un trottoir plein de pluie et de boue ?
Pourquoi passent-ils sans te voir ?
Pourquoi changent-ils de trottoir ?
Pourquoi ne te relèvent-ils pas ?
A cause de tes vêtements troués ?
A cause de ta gueule cassée ?
A cause de ta face de roux ?
Qui chaque jour subit rouée de coups ?
Ou parce que tu traînes à Emmaüs ?
Parce qu’ils te croient plein de puces ?
Ou peut-être ont-ils peur d’attraper la lèpre ?
Peut-être pensent-ils que tu n’es pas assez propre ?
Que tu ne sens pas assez le savon,
Que ton parfum c’est pas le jasmin,
Le même que tous ces pantins,
Qui prient du soir au matin,
De ne pas être toi, toi le vaurien.
Oh non, ne me dis pas que c’est à cause des sous,
Ne me dis pas que leur âme est tombée si bas,
Dans les méandres de la possession,
Et de l’addiction aux biftons,
Mais non mec, c’est pas pour tout ça,
Ils ont la haine parce qu’ils sont pas comme toi,
Libres de leurs mouvements, libres comme l’air,
Leur vie mec, c’est une vraie galère,
Ils sont pleins de prisons, dehors et dedans,
Ils ont pleins de passions pour tuer le temps,
Mais le temps mec, ça ne se tue pas,
Le temps mec, ça se prend,
Ça s’admire, ça se savoure,
C’est un peu comme l’amour,
Plus c’est long, plus c’est bon,
Alors mec prends ma main,
Et relèves toi enfin,
Marchons ensemble sur le chemin de la compassion,
Marchons tous les deux sur le sentier de la raison,
Tu verras l’hiver y est bien plus chaud,
Et l’été y est bien plus beau,
Alors mec viens avec moi,
Et si tu ne peux pas,
Je te prendrais dans mes bras,
Je te porterais jusqu’à là-bas,
Jusqu’à ce pays merveilleux,
Où il n’y a pas de dieux ni d’odieux,
Où il y a juste un sentiment prodigieux,
De fouler avec son cœur,
Les terres encore inhabitées,
D’un pays nommé,
Dignité,
Et peut-être même,
Humanité…

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vendredi 6 juin 2014

Avant la dernière marche (SLAM.4)


Quand tu sens que l’heure approche,
Quand tu sens que ta vie décroche,
Vide enfin tes poches,
Et n’fais plus ton gavroche,
Oublie qu’t’as été moche,
Et sourit à ta fin,
Toi le démon,
Toi le moins que rien,
Qui a fait plus que tout,
Dans le mal et sa misère,
A ta mère, à ton père,
Moi qui t’es si souvent tendu la main,
Toi qui m’prenais pour un « pantin »,
Tu fais moins le guignol maintenant,
Tu fais moins le mariol, agonisant,
Alors expire donc ta haine,
Laisse-donc ton fleurir ta peine,
Ouvre ton cœur,
Fait des excuses à ta sœur,
Vas-y donc, laisse couler tes larmes,
Lâche donc tes armes,
Car là-haut pas sûr qu’ils te pardonnent,
Là-haut j’crois pas tu rencontreras la Madone,
Tu vas prendre un direct du droit,
Qui vas t’envoyer direct dans le monde d’en bas,
Là où croupissent tous les rats,
Là où se meurent politiciens et malfrats,
Economistes, boursiers et autres cancrelats,
Alors, alors mon p’tit gars,
Si tu veux pas finir l’cul dans les braises,
Si tu veux pas qu’pendant l’éternité c’est toi qu’on baise,
Confie-toi à moi, 
Lâche les mots, sors-les du cachot,
Repens-toi enfin,
Laisse la lumière envahir ton destin,
Et peut-être alors,
Un peu avant ta mort,
A l’heure de couper les fils,
Tu pourras une première fois,
M’appeler,
Papa.

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mercredi 4 juin 2014

Décroche mec (SLAM.3)



Faut que tu t’accroches mec, faut qu’tu décroches,
Laisser tomber la blanche, prend plutôt la moche,
Si l’une te fait triper l’autre te fera p’tet bander,
Et en plus elle t’coute moins cher,
Elle t’fera pas les poches,
Elle t’sucera pas le porte-monnaie mais la misère,
Alors décroches mec, tape-toi la cloche,
Faut qu’tu cases, faut qu’tu ranges,
Faut plus qu’tu déranges,
Faut qu’ça s’arrange,
Ta vie vaut quand même plus qu’un shoot,
La mort vaut quand moins qu’un sniff,
Alors réagis mec, décroche,
Mets-toi en galère, pense à mon mioche,
C’gamin a neuf ans et vint toujours m’voir en pleurant,
En disant « c’type est méchant, y’me tape tout le temps".
T’es pas ça mec, c’est plus toi,
Avant purée c’était toi le roi,
Tu voulais mettre la pauvreté en déroute,
Tu aidais l’aveugle à traverser la route,
Tu tendais la main à la vieille dame,
Et maintenant purée, tu lui piques son sac pour acheter ta cam,
Alors réagis bordel, réagis maintenant !
Laisse tomber les larmes et prends plutôt les armes,
Fais-le pour ta famille, pour tes amis, pour toi,
Fais-le aussi un peu pour moi,
Et si un jour tu réussis,
Et si demain mon vœu s’accomplit,
Alors j’te promets mon gars,
Un jour ou l’autre, te t’appeler, 
Papa… 

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mardi 3 juin 2014

Bleu Blanc Sang (SLAM.2)





Tu crois quoi ?
Q’l’or pousse dans les berceaux ?
Q’tu vas trouver de beaux lingots ?
Derrière un tas de fagots ?
Sans t’retrouver derrière les barreaux ?
Mais non mec, ça s’trouve pas dans les caniveaux,
Ni dans les poches d’un charclo,
Mais dans celles d’un bobo,
Faut t’faire un ami, un poto,
Tu sais un gros blaireau,
Qui roule en Porche pas en Renault,
Qui s’fringue chez l’père Kenzo,
Et bouffe au Bernard Loiseau,
Un mec du genre Zarko,
Un peu facho, un peu rétro,
Un mec qu’aime que les blancs,
Pas trop les noirs et blancs,
Un mec qui s’prend pour un géant,
Et qui déteste les bandes de glands,
Tous ceux qui dorment sur un banc,
Tous ceux qu’ont les poches vides,
La face un peu livide,
Et le ventre qui crie famine,
Un mec qu’aime pas les indigents,
Et tous ces pauvres gens,
Qu’ont pas un pet d’argent,
Et un peu trop d’enfants,
Car son cœur c’est pas d’la porcelaine,
Ça sent plutôt la haine,
La haine républicaine,
Bleu, blanc, sang,
Un peu à l’américaine,
Des ghettos comme sentiments,
Les noirs en quarantaine,
Les rouges crèvent dans les plaines,
Et les jaunes au fond du Maine,
Bleu, blanc, sang,
Moi j’ai pas d’or, pas d’argent,
Moi j’ai d’l’amour comme sentiment,
J’ai pas de haine pour le FN,
Ni pour la grosse baleine,
Que l’on surnomme…
Marine Le Pen.

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