Entends-tu ce bruit,
c’est le silence,
entends-tu la nuit, c’est
ma souffrance,
les larmes coulent
sur les tuiles de mon toit
et la pluie tombe sur
une photo de toi.
Froides et
insensibles, les étoiles gardent leur distance,
il n’y a jamais eu de
magie, ici s’érige l’abstinence,
les souvenirs dans
mon coeur sont des fleuves asséchés
qui coulent dans mes
veines pour mieux m'assoiffer.
On me l’a dit quand
j’étais petit, seulement une fois,
on me l’a dit aussi
plus tard, trop de fois,
jeune j'étais
pourtant sympa, joyeux et pas trop cloche,
je me prenais pour
Gavroche sans savoir, misère, que j’étais moche.
J’ai grandi avec une
grand-mère qui déifiait le beau,
Gainsbourg ? Hum, elle
ne l’a jamais eu en photo.
Mais pour elle, j'étais
le plus beau, le plus grand,
hum, la seule à le
croire sur tout le continent.
Dans une vie normale,
pas loin des bancs de l’école,
il y a toujours une
fille, une icône, une idole.
La mienne s’appelait
Vanessa, purée, qu'elle était jolie !
Mais dès le premier
regard, misère, c’était déjà fini.
Moi je lui aurais
tout offert, mon sac de billes, mon sandwich au gruyère !
Et si ça ne suffisait
pas, je lui aurais donner la terre entière !
Mais pour elle je
n’étais pas Gavroche,
pour elle j’étais
juste, un enfant moche.
Depuis ce jour, j’ai
traversé un demi-siècle
à la rame, à la
pagaie, avec une faucille,
des Vanessa, il y en
a eu des centaines,
moi je voguais sur
les paquebots de la peine.
Mon cœur est comme la
tombe du soldat inconnu,
on passe devant puis
on ne revient plus,
j'avais la sensation
que dans ma vie rien n'était normal,
je me sentais comme
un prisonnier de la Seconde Guerre mondiale.
Ma famille n’a jamais
compris mes douleurs et mes souffrances
elle ne comprenait pas
qu’entre le beau et le laid, il y a toute une différence,
personne ne
comprenait mes voyages sur les paquebots de la peine,
ni pourquoi ma vie
ressemblait à une mauvaise mise en scène.
Heureusement j’ai
connu quelques éclaircies
j’ai cueilli quelques
fleurs dans le printemps de quelques nuits.
mais si toutes les
fleurs de mon jardin ont fané,
c’est que mon cœur avait
bien trop souvent voyagé.
Alors je respire sous
les larmes de mon toit,
je regarde cette
photo et je repense à toi,
tu étais ma dernière
chance d’arriver à destination,
mais il faut croire qu’être moche, c'est une malédiction.
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