Un matin où il faisait gris, un jour où il faisait froid,
Je m’en allais clopin-clopant le long des quais qui clapotaient,
Le vent sifflait un air macabre, les feuilles gisaient comme des cadavres.
Je ne savais pas vraiment où j’allais mais j’y allais c’est c’qui comptait.
Le chemin inattendu ne s’trouvait pas au coin d’la rue,
C’est un chemin perdu que peu de gens ont déjà vu.
Alors qu’j’y croyais plus une petite fille me l’a montré,
On a sympathisé et puis on a marché.
On a longé les quais d’nos vies de ce jour où y faisait moins gris,
On s’est promené, on a parlé, elle m’a dit qu’elle s’appelait Poésie,
J’ai trouvé ça super comme nom ça sonnait pas l’mépris.
Elle m’a dit qu’elle pouvait être mon amie et moi j’ai dit oui.
Je lui ai confié mes nombreux maux, elle m’a confié ses jolis mots,
La pauvre était vêtue d’oripeaux faut dire qu’la poésie ça fait un peu vieillot.
Alors qu’elle était au bord des sanglots, j’lui ai dit que les gens c'est des charlots,
Qu’ils préféraient aller au bistrot ou bien regarder des films pornos.
Nos pensées se sont croisées et là j’crois bien qu’on s’est aimé,
Elle m’a raconté sa vie avec Baudelaire, avec Rimbaud, avec Verlaine,
Elle m’a aussi conté l’histoire des Misérables de Victor Hugo,
Là j’crois bien que j’ai versé une larme car j’trouvais ça très beau.
On a continué notre chemin le long du parc aux roses,
Là où les poètes disent que la vie est moins morose,
Y’avait aussi des mésanges couchées sur des bancs bleus,
J’crois bien c’était des anges ils avaient l’air heureux.
Y’avait aussi pleins d’arbres aussi songeurs que rêveurs,
Y’avait aussi des fleurs qui m’ont fait chaud au cœur,
C’est là que Poésie a rimé dans ce p’tit coin d’bonheur,
C’est là que j’ai aimé son p’tit côté slameur.
Les rayons du soleil ont percé le gris de cette matinée,
Poésie a rayonné et s’est mise à chantonner,
Des vers pleins la voix nous avons repris notre chemin,
Nous nous sommes plus quittés car c’était notre destin…
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