jeudi 14 janvier 2016

L'onde


     Je suis une onde sur l’eau, je suis née à l’orée d'une rivière, entre un rocher moussu et les branches éreintées d’un saule pleureur trempant ses longs cheveux dorés sur le corps bleuté de ma mère et sur les primevères, pâquerettes et coquelicots où batifolent de gracieux papillons nacrés.

     Je suis une onde sur l’eau, c’est le printemps, un air frais me pousse vers l’avant. Les rayons du soleil réchauffent ma peau claire où court un ciel bercé par des nuages cotonneux.

     Je suis une onde sur l’eau, les hautes herbes et les racines de la berge me chatouillent la peau, tentent de me retenir un instant avant de me laisser glisser sur leur écorce luisante, m’offrant au passage une dernière danse en une courbe d’adieu.

     Je suis une onde sur l’eau, la vie m’appartient, je suis jeune, pleine d’énergie, je respire le frais oxygène de cette prairie verdoyante que je longe d’un œil émerveillé, épanoui, enchanté ; ah dame nature que tu es belle !

     Je suis une onde sur l’eau, les oiseaux sifflent un air joyeux pendant d'autres se lovent au creux d'une branche ou encore se disputent l'élu de leur coeur. Des plumes volent et se mêlent au vent doux du printemps qui charrie des grains de pollen et emporte au loin le bourdonnement des abeilles, le battement des ailes de papillon.

     Je suis une onde sur l’eau, je suis petite et disparaît parfois dans l’écume des humeurs de ma mère mais quand je refais surface je me dis qu’il est bon d’être en vie et de pouvoir rêver. Oui je vois la vie en grand, je rêve de mêler mon coeur à celui de mon père, l’océan.

     Je suis onde sur l’eau, je ne connais pas tout de la vie mais je me sens moins bien depuis que de petites bulles grisâtres s’accrochent à moi et me salissent. Au début je ne me suis pas inquiété, je pensais que les poissons me faisaient des blagues mais ils ont peu à peu disparu et une vase grisâtre s'est collée à ma chair. Puis j’ai ressenti une angoisse là, au creux de ma bulle quand les berges de racines et de fleurs ont troqué leur jaune, leur vert, leur pourpre pour des panneaux gris et froids. Et au-dessus j’ai vu des choses ternes, pleines de fumée et de bruits. Dame Nature semblait avoir été chassée de ce territoire envahi par des animaux à deux pattes qui se comportaient étrangement le long des quais ; ils criaient, hurlaient et jetaient des choses sur le corps muet de ma mère.

     Je suis une onde sur l’eau, ma peau frappe des détritus, cogne des déchets, se coupe à des boîtes de conserves ; j’ai du mal à avancer, je m’épuise, je suis au bord de l’asphyxie. Un ciel lourd pèse sur moi, le soleil a disparu, je ne vois plus ni frère ni sœur et le corps de ma mère s’épaissit, bat au ralenti, ne me porte plus, je stagne là, dans une boue étouffante, je gonfle, gonfle…

     J’étais une onde sur l’eau, mon rêve était trop grand, mon rêve était trop haut, mon rêve était trop beau, je ne verrais jamais mon père, je ne verrais pas l’océan, papa, papa !

     On me pousse dans le dos, est-ce que je rêve, est-ce la vie ? Mais si je rêve alors quel est ce bruit ? Ne serait-ce pas la voix de mon père, ne serait-ce le bruit de ses vagues, ne serait-ce pas l’océan ? Oui, l’azur est là, je le vois, je vole, je vole !


- FIN -


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vendredi 8 janvier 2016

Ecoute



Ecoute l’aube nouvelle,
Ecoute l’aurore citronnelle,
Ecoute l’azur du ciel,
Et le miel des mirabelles.


Ecoute les oiseaux,
Ecoute les roseaux,
Qui chantent en ton honneur,
Un hymne à ton cœur.

Ecoute le printemps,
Ecoute ses premiers chants,
Ecoute les roses,
Te susurrer leur prose.

Ecoute le vent,
Les caresses de l’océan,
Ecoute ces murmures,
Te dire combien mon amour est pur.

Ecoute la rivière,
Bruisser d’émoi,
Ecoute le tonnerre,
Réclamer tes doigts,
Ecoute-moi sans fin, 
Te dire je t’aime,
Ecoute-moi enfin,
Te conter ce poème…

Poème du recueil V "Symbioses" (113 poèmes),
 à la section "Robe des cieux".
15 poèmes de Symbioses sur mon blog
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